Histoire

La naissance... et le reste de la vie, du G.T.V.


Voici ce qu'on pouvait lire, le 21 octobre 1986, dans le bulletin interne de l'Institut Notre-Dame, sis rue du Voisin à Auvelais, devenu depuis le site « Voisin » du Collège Saint-André :

"Une troupe théâtrale au sein de l’Institut !

C’est au départ une idée de M-C Lahaye, Pourquoi ne pas créer à l’Institut une troupe théâtrale ? Une troupe (acteurs, décorateurs, régisseurs, metteurs en scène, accessoiristes etc. etc.) composée d’enseignants ; de grands élèves attirés par le théâtre pourraient très bien s’y joindre...

Deux personnes ont été pressenties pour devenir les moteurs (animateurs) de cette troupe : Danielle Grofils et Philippe, son mari : tous les deux ayant une riche expérience théâtrale qu’ils ont accepté de mettre à la disposition de l’Institut. Une invitation sera, sous peu, remise à chacun : vous devinez aisément tout le profit (tant individuel que collectif) que permettra la réalisation de ce projet particulièrement dynamique."

La première réunion eut lieu le 10 novembre, vous voyez que les choses n'ont pas traîné. Un petit noyau d'enthousiastes mit le GTV sur ses rails, choisit la pièce (Acapulco Madame, d'Yves Jamiaque) en fonction des comédiens qui se proposaient, et s'attela à la préparation du premier spectacle. Pour la petite histoire, il nous manquait un adolescent, et grâce à son réseau d'admiratrices (déjà !) ce fut Marc De Faveri qui se présenta... Vous savez ce qu'il en est advenu !

La première représentation, le 27 juin 1987 au regretté Cercle des Familles, fut un tel succès que le Groupe décida de remettre le couvert, le 23 octobre, au Centre Culturel de Sambreville. D'après la presse, ce soir-là, "le GTV s'est installé en première classe".

Entre-temps, nous avions ressenti le besoin de nous structurer quelque peu, et Simone Absil, Guy Delaire, et Philippe Grosfils, se constituèrent en "bureau".

Si vous parcourez nos programmes, la suite des évènements vous est sans doute connue ; il faut toutefois souligner qu'après avoir joué au Centre Gabrielle Bernard de Moustier-sur-Sambre, puis à l'Amicale Solvay, le GTV a choisi de s'ancrer définitivement (en tout cas, nous l'espérons) dans la superbe salle du Centre Culturel de Sambreville. Il ne la quittera qu'exceptionnellement, en 2002, pour une représentation au Caméo à Tamines, suite à un engagement de "Seniors-Amitié".

A noter aussi que la Troupe s'est ouverte progressivement à des personnes "extérieures" à l'Institut Notre-Dame. Mais nous avons continué à bénéficier de l'aide logistique de l'école : impression, accueil pour les répétitions, prise en charge des réservations... Un grand merci aux directions successives, et à celle du Collège Saint-André, qui persévère dans la même direction !

L'assemblée générale du GTV a voté le passage en ASBL le 13 avril 1989.

Depuis, les administrateurs (trices) et les président(e)s successifs ont gardé le GTV sur ses rails et lui ont fait prendre de la vitesse : passage à deux représentations par saison, appel à des metteurs en scène professionnels (Raymond Lescot, Bruno Perpète, Frédéric Hérion, Julien Mutombo...), collaboration avec le Kiwanis, appel à des élèves pour des levers de rideau (Humulus, le Petit Prince...) ou comme membres de la distribution (Hibernatus, Arsenic et Vieilles Dentelles...), participation à des concours et à un festival, un XXème anniversaire retentissant (Monsieur de Pourceaugnac) - où pour la première fois nous avons joué à bureaux fermés... et cela toujours en explorant les diverses facettes du répertoire, du boulevard au policier en passant par la parodie de western, le vaudeville, la Comedia dell’Arte, et les jeunes auteurs contemporains. Pourtant, notre soif de découvertes reste insatiable, notre envie aussi de vous les faire partager, et de vous donner autant de plaisir que nous en prenons à préparer nos spectacles... depuis XXV ans, et nous l’espérons, pour de très nombreuses années encore !

Jamais je n’oserai monter sur les planches !

Par Françoise Gilot.

C’est ainsi que commença mon aventure avec le GTV.

Amoureuse depuis longtemps du théâtre en tant que spectatrice, j’ai rejoint le groupe formé au sein de l’Institut Notre-Dame avec mes collègues Danielle, Maryvonne, Simone, Josée, Nadette, Serge, sous la houlette de Philippe.

Lors de notre premier spectacle Acapulco Madame, je fus une femme de l’ombre dans les coulisses où je "soufflais" à côté de Serge qui, lui, s’occupait des accessoires et ne manquait pas de jouer quelques farces aux comédiens en glissant des bonbons bien durs dans les tranches de jambon qui devaient servir de repas sur la scène.

Ma décision du début ne tint pas longtemps car, la saison suivante, je me lançai enfin devant un public. Cette année-là, je fus l’une des victimes de la meurtrière dans la pièce Un meurtre est annoncé d’Agatha Christie. Ma première expérience sur les planches se solda donc par ma mort sur scène (non, pas comme Molière, bien sûr).

A partir de là, le feu sacré s’empara de moi et tous les moments passés sur les planches devinrent pour moi un vrai bonheur. Je fus, entre autres, l’une des Huit femmes, la vieille empoisonneuse d’Arsenic et vieilles dentelles, avec ma complice Maryvonne, l’épouse d’un Rustre, enfourchant un vélo (!) pour Un piano dans l’herbe, la gouvernante de Marie Curie dans Les palmes de Monsieur Schutz, la sage-femme de Léonie est en avance, la mère possessive dans Un air de famille, un médecin chez Monsieur de Pourceaugnac, la vieille amie de Calamity Jane, une couturière dans Ce soir à Samarcande et enfin, la mère de Fadinard dans Un chapeau de paille d’Italie.

Entre-temps, j’endossai le rôle de souffleuse, d’accessoiriste, tous ces "petits métiers" nécessaires à la vie d’une troupe théâtrale.

Parmi les anecdotes amusantes qui ont jalonné cette "carrière", je retiens celle-ci. Lors d’un spectacle (je ne me rappelle plus lequel), nous avions sollicité les services d’un maquilleur professionnel, l’illustre Monsieur Styl aux aisselles odorantes qui, sans modération, nous tartinait de fond de teint au point de nous rendre méconnaissables. J’en veux pour preuve la méprise de ma maman qui me salua d’un "félicitations, madame" : elle n’avait pas reconnu sa fille.

Je me souviens aussi de ces fameuses lentilles de contact que je m’étais évertuée sans succès à placer sur mes pupilles parce que, chez M. de Pourceaugnac, les lunettes auraient été anachroniques. Mais, devant mes yeux larmoyants et rougis par tant de manipulations, Danielle compatissante, avec patience et dextérité, appliquait, avant chaque représentation, ces petits cercles de verre sous mes paupières.

Ces souvenirs, il y en eut 20, 100, tant et plus. En 1991, nous avons fait appel à un comédien professionnel du Théâtre National, Raymond Lescot, un cousin de mon père pour mettre en scène Vous ne l’emporterez pas avec vous. Nous n’oublierons pas sa disponibilité, sa gentillesse, sa bonhomie, sa générosité. Ce fut notre première expérience avec un metteur en scène professionnel.

Le trac avant d’entrer en scène, l’excitation dans les coulisses, les fous rires, les complicités, l’émotion lors du salut final, l’amitié, tous ces merveilleux moments, je les dois au GTV.

25 ans de G.T.V. !

Par  Maryvonne Champagnac.

Quelques profs amis se réunissent, font appel aux conjoints, amis et connaissances et c’est parti !

Parti, pour lire des pièces et faire des choix, construire des décors, trouver des costumes, étudier son texte, penser aux affiches et aux programmes.

Mais aussi, beaucoup de plaisir de se retrouver, de jouer, de partager un spaghetti tout en construisant les décors. De sentir le stress monter, avoir la peur du "trou" et se dire, en coulisse, le soir de la première : "il faut être complètement fou, pour continuer ce jeu là !" 

Et à la tombée du rideau, déjà penser à son prochain rôle !

Il y aussi, les après spectacles, où l’on se retrouve autour d’une table pour manger, boire et chanter. Il existe d’ailleurs le chansonnier du GTV. Les dîners de fin d’été au « fournil » pour relancer la nouvelle saison...

Sur 25 ans, le GTV s’est pas mal renouvelé. On y entre, on s’y pose, on s’y accroche, on s’en détache, on y revient...

Et tout cela grâce à vous, cher public, chers amis, qui nous encouragez par votre présence fidèle.

C’est tout cela qui fait du GTV une troupe bien vivante avec ses racines et ses ailes, voyez par vous-même...

Merci.